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Transformer à gauche en Loire-Atlantique

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11 juin 2007

Contribution TAG au Conseil National du MJS des 19 et 20 mai 2007

Nous remercions notre candidate Ségolène Royal d’avoir porté et défendu les valeurs et les idéaux de notre camp lors de cette élection présidentielle. Il faut remercier l’ensemble des militants socialistes qui ont fait cette campagne.

Le 6 mai dernier les suffrages des Français ont porté l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République pour 5 ans. C’est une défaite grave pour notre pays, pour la gauche, pour notre génération. Quand on a 20 ans cinq ans c’est long.

L’étrange défaite

A / Une défaite grave

Cette défaite est grave pour notre pays et pour les citoyens de France puisque le basculement dans une société inégalitaire, violente, communautaire a franchi une nouvelle étape. En dépit de son discours de rupture, le nouveau Président de la République est bien celui du système. La France évolue depuis 30 ans dans ce système, celui du chômage de masse, et de la dégradation du rapport de force entre les forces actionnariales du capital et les acteurs du monde du travail dont les précarités et la stagnation du pouvoir d’achat sont à la fois les causes et les conséquences. La puissance publique, et donc la démocratie, a échoué à promouvoir l’intérêt général aux yeux de millions de nos concitoyens. La proximité du nouveau pouvoir avec les dirigeants de groupe vivant pour une bonne part de la commande publique et détenant le capital des grands médias rend crédible la crainte d’une expérience de droite dure réalisant la synthèse entre Bush et Berlusconi parvenant ainsi à la Tatchérisation de la société française. Les salariés et les pauvres sont prisonniers de « la main qui leur donne à manger » et votent comme les riches et les grands patrons. Au niveau européen, la mise en place d’un triangle Berlin-Londres-Paris relié par des lignes néo-libérales, avec Barroso au centre de celles-ci risque fortement d’enfoncer l’UE dans la crise démocratique et sociale dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années. Le choix du nouveau Premier ministre, François Fillon, confirme que « la France d’après », c’est bien la même que sous Chirac, mais en pire. En effet, ce dernier incarne jusqu’à la caricature les régressions sociales et les passages en force du dernier quinquennat : réforme des retraites, loi sur l’éducation, loi sur la sécurité sociale... A chaque fois qu’il a été à la manœuvre, son discours a toujours été le même « il faut sauver la protection sociale ». Quand on veut tuer son chien on l’accuse d’avoir la rage. Ses actes ont toujours eu les mêmes conséquences, la réduction du patrimoine collectif hérité pour partie du conseil national de la résistance, c’est-à-dire le patrimoine de celles et ceux qui, livrés à eux-mêmes n’en ont pas. Cette défaite est grave pour la gauche. Au soir du premier tour, elle se situe aux alentours de 35% de l’électorat et une partie de son électorat a choisi le candidat du centre droit qui, par mystification, a tout fait pour séduire la gauche. La gauche non socialiste a été laminée par le réflexe du vote utile et n’a donc pu nourrir un sursaut d’union de la gauche, en ce qui nous concerne, alors qu’une bonne partie cette gauche avait appelé au second tour à voter pour notre candidate, nous ne lui avons offert aucun débouché tant du point programatique que sur le plan des perspectives communes. Le centre était-il trop attractatif aux yeux de certains socialistes ? L’est-t-il encore ? Pas pour nous. L’unité de la gauche ne doit pas être un état, mais bien une dynamique, pas une contrainte, mais une adhésion, pas un réflexe « anti » mais bien un rassemblement derrière une volonté commune de changer la société. Par sa volonté d’intégrer des personnalités issues de la gauche dans son gouvernement, c’est bien un coup de grâce à cette gauche en perdition que tente d’asséner le nouveau président de la République. Cette défaite est grave pour notre génération. Quand on a 20 ou 25 ans, c’est très long 5 ans, surtout 5 ans de droite qui suivent 5 ans de droite marqués par une guerre à la jeunesse et l’aggravation des bizutages sociaux (précarité, chômage, mal-logement...) auxquels notre génération est surexposée. C’est toute une génération qui n’aura dû construire son avenir que sous la droite et contre la droite. Il faut mesurer ce que cela implique en termes de décrochage pour celles et ceux qui sont et seront les générations actives de la société de demain. Au cours de ce quinquennat qui s’ouvre, le MJS accueillera les enfants des trois défaites consécutives de la gauche, ceux qui n’auront connu de toute leur vie qu’une présidence de droite.

B / La droite a mené une bataille culturelle victorieuse

Comment en est-on arrivé là ? Le candidat de l’UMP a mené une véritable bataille culturelle et idéologique. Alors qu’il était de bon ton de théoriser la fin des partis et de brocarder les idéologies, Nicolas Sarkozy a fait de l’UMP une machine de guerre tout entière consacrée et associée à la prise du pouvoir. Il a su imposer ses thèmes de campagne, en jouant sur les formidables relais et connivences médiatiques qu’il a développé depuis 2002 et que nous n’avons pas su ou voulu dénoncer au bon moment.

La société française ne s’est pas droitisée massivement. Si tel avait été le cas, notre candidate n’aurait jamais été favorite des sondages au mois de novembre, elle n’aurait pas bénéficié d’un tel mouvement anti-sarko au second tour, la population française n’aurait pas placé en tête de ses préoccupations la lutte contre les inégalités sociales, l’emploi ou le pouvoir d’achat.

Il n’en demeure pas moins que la stratégie et le discours de Nicolas Sarkozy lui ont permis de recueillir la majorité des suffrages exprimés. Poursuivant sa logique du tous contre tous, il a réveillé et surfé sur les pulsions et l’individualisme contemporain : il a systématiquement rejeté sur la responsabilité des individus les défis collectifs de la société française. S’adressant à « la France qui se lève tôt » et dénonçant « l’assistanat », il a dressé une partie de l’électorat ouvrier et employé contre les précaires et chômeurs alors que ces catégories de la population sont liées par une aspiration commune à plus de sécurité. S’adressant à « ceux qui ont travaillé durement toute une vie », il a entraîné par son populisme fiscal le 3ème et le 4ème âge dans le refus des droits de succession, alors que cette partie de la population porte une aspiration à voir un meilleur avenir pour leurs enfants, ce qui ne peut se faire que par une redistribution et une solidarité intergénérationnelle. On pourrait multiplier les exemples. Pour achever son édifice culturel, il s’est clairement lancé dans une offensive de captation d’une mémoire ouvrière et des lambeaux de la conscience de classe délaissés par la gauche. Un jour on nous vole un mot et une proposition, un autre nos pères fondateurs et le lendemain la victoire qui nous semblait acquise.

Enfin, en suscitant un vote utile d’extrême droite sur son nom dès le premier tour, le candidat de l’UMP a affaibli sur cette élection le vote Le Pen. S’adresser aux électeurs du FN n’est pas un mal en soi. C’est même un devoir pour la gauche. Tout le problème réside dans le fait qu’en s’adressant aux électeurs du FN sur les thématiques du FN avec les mots et les propositions du FN, Nicolas Sarkozy n’a pas affaibli durablement l’extrême-droite, il l’a juste amenée sur son nom le temps d’une élection.

C / Devoir de victoire ?

Force est de constater que la gauche n’a pas été au rendez-vous de son devoir de victoire, qui n’était pas seulement un slogan mais une feuille de route. C’est la responsabilité collective de la famille socialiste. La gauche n’a pas su faire en sorte que l’élection présidentielle se gagne sur son propre terrain. Pire, elle a trop souvent misé sur le ressort de l’individualisme contemporain, pourtant peu enclin à faire émerger des aspirations collectives. L’exemple des banlieues est significatif à cet égard. Les socialistes ont parlé à la banlieue en tant que banlieue, mais pas à la banlieue en tant que territoire de relégation et de concentration des problèmes de la société, ce qui aurait permis de parler à toute la France populaire. En effet, les zones périurbaines rassemblent de plus en plus d’employés et d’ouvriers éloignés des villes par la hausse des prix du logement, mais tout autant confrontées au déclassement que les cités. La faiblesse du score de la gauche dans ces zones périurbaines où elle compte pourtant une bonne partie de ce qui devrait être sa base sociale naturelle témoigne de ses difficultés à rassembler derrière elle la grande majorité de celles et ceux qui auraient pu attendre demain.

Face à une droite décomplexée, la gauche est apparue complexée, divisée, engoncée dans ses luttes d’individualités et n’est pas parvenue à faire fédérer derrière une alternative crédible. Par conséquent, elle n’a pas su mener une bataille culturelle et idéologique de nature à repousser celle que menait activement la droite.

Une nouvelle responsabilité militante pour notre génération

A / En 2007, le premier Président élu contre la jeunesse

Depuis l’élection du Président de la République au suffrage universel direct, l’histoire nous a montré que le futur Président a toujours été élu avec les voix et le soutien des jeunes générations : Mitterrand en 1981, comme Chirac en 1995, ont été élus grâce aux voix de la jeunesse. En 2002, les jeunes manquent à Lionel Jospin au premier tour et soutiennent le candidat républicain au deuxième tour, après quinze jours de mobilisation, pour barrer la route à l’extrême-droite. Cela n’empêchait pas, par la suite, au Président de mener une politique en décalage total avec les attentes des jeunes, l’exemple du CPE sous la deuxième présidence Chirac est là pour nous le rappeler avec acuité. Mais cette constante gardait quelque chose de rassurant : le nouveau Président portait, au moment du vote, les aspirations de la majorité des jeunes et de ceux qui sont l’avenir du pays. Que penser alors quand un candidat devient Président contre la jeunesse ? Cette situation, nous la vivons depuis le 6 mai 2007. Toutes les études nous montrent que Sarkozy a été élu contre l’aspiration majoritaire des jeunes. La conséquence du papyboom se fait, une fois encore, sentir. La tendance des électeurs de plus de 50 ans à émettre un vote conservateur et la forte croissance de l’individualisme forcené dans notre société sont les principales raisons de cet écart entre les générations. Cela interroge aussi sur l’état d’un pays qui vote contre les générations futures. Mais cela nous place aussi, à nous, jeunes militants politiques, devant nos propres responsabilités. Pour la première fois, minoritaires sur le plan démographique, nous le sommes du point de vue politique.

Notre génération n’est pas dupe de la mystification sarkozienne (« travailler plus pour gagner plus ») et la forte mobilisation des jeunes pour se rendre aux urnes est un encouragement à continuer et à amplifier le combat. C’est la démonstration par la mobilisation d’une génération qui a baigné dans l’ultra-libéralisme que la droitisation de la société est une absurdité. Plus que jamais dans l’histoire de notre mouvement et dans celle de la famille socialiste, notre responsabilité est d’être le débouché politique et culturel d’un mécontentement populaire et générationnel. Ne laissons pas orphelins ces jeunes qui ont la raison, le coeur et le bulletin à gauche. Une réponse de gauche existe et c’est notre devoir de la construire.

B / Devoir de victoire sur les législatives

Mais la mobilisation de notre génération doit d’abord passer par le combat pour les législatives. Nous n’avons pas le droit, pour ceux qui souffrent et pour les jeunes, de partir battus d’avance. Plus que jamais, le devoir de victoire est le moteur de notre engagement aux côtés de nos camarades candidats. L’objectif n’est pas de limiter les dégâts mais bien de porter une majorité socialiste et de gauche au soir du 17 juin 2007. Notre génération a tout à perdre d’une victoire de la droite. Elle l’a compris en votant majoritairement pour notre candidate aux présidentielles. Nous devons continuer à la mobiliser en l’incitant à voter pour les candidats socialistes aux prochaines législatives, qui, quoiqu’il se passe seront autant de remparts contre le président et ses propositions (contrat unique, droit de succession, concurrence entre les universités...). Là aussi, un combat sur les mots et les idées doit s’instaurer contre la droite. C’est une étape indispensable de la refondation de la gauche, c’est notre responsabilité.

Impulser la refondation de la gauche

A / Construire le socialisme du 21ème siècle

Aujourd’hui, une question fondamentale se pose à toute la social-démocratie : pourquoi, un ouvrier ou un employé, confronté à un problème auquel la gauche est la mieux à même de répondre, vote, soit en pensant d’abord à la sécurité ou à l’immigration, soit en choisissant une solution de droite ? Autrement dit, pourquoi les plus modestes votent comme les plus riches ? Cette question est cruciale pour la famille socialiste : elle interroge autant ses objectifs, ses analyses de la société autant que sa stratégie. Sur le fond, les chantiers qui doivent être ouverts sont considérables. Nous devons réapprendre à être vigilants par rapport aux évolutions du capitalisme qui pèse tellement sur la vie de nos concitoyens. Nous avons baissé la garde face aux nouvelles rentes et aux nouvelles aliénations et inégalités qu’elles créent.

Nous devons colmater les brèches idéologiques dans lesquelles la droite s’est engouffrée, jusqu’à ébranler les convictions de la gauche. Avec l’effondrement du mur de Berlin, c’est tout une partie du rapport de force sur lequel s’appuyait la social-démocratie qui s’est dérobée, affaiblissant durablement la gauche. Aujourd’hui, pour parler crûment, « la gauche ne fait plus peur aux bourgeois », elle les fait rire.

Par conséquent, destabilisée, la gauche accepte trop souvent de rentrer sur le terrain de jeu de la droite. C’est particulièrement vrai sur le terrain économique et social. La stratégie de la droite consiste à imputer ce type de problème à la responsabilité des individus. Pour contourner le problème du chômage, elle fustige les assistés. Quand une société refuse d’assumer les conflits collectifs, elle ne peut parvenir au compromis. Il ne reste alors que des individus humiliés qui ne trouvent pas de débouchés politiques à leurs aspirations, abandonnés à un destin social qui mène le plus souvent à la résignation, au mieux à la colère. Le rôle de la gauche, c’est d’assumer les conflits parce qu’ils sont productifs et permettent de fédérer.

Droit d’inventaire, devoir d’inventer, tel est le mot d’ordre des jeunes socialistes. Droit d’inventaire. Si nous devons revisiter les mécanismes de protection sociale, les rendre plus efficaces et donc plus émancipateurs, nous devons aussi tirer le bilan que l’introduction de mécanismes de marché au sein des services publics sont des échecs cuisants. Si nous devons assumer que la promesse républicaine n’est pas tenue, nous devons aussi dire que les moyens pour réaliser cette promesse n’ont jamais été vraiment au rendez-vous. Si nous devons être lucides sur les inégalités que les socialistes au pouvoir n’ont pas su résorber, nous devons assumer que s’y attaquer nécessite un haut niveau de dépense publique s’appuyant sur une fiscalité fortement redistributrice et dynamisante. Devoir d’inventer. Nous devons incarner une gauche de conquête, qui met son pragmatisme à court terme au service de ses ambitions de transformation sociale à long terme. Conquérir, cela signifie reprendre le terrain perdu. Conquérir, cela signifie ouvrir le champ des possibles et s’attaquer aux frontières du socialisme que sont par exemple le dogme du droit de propriété tel qu’il est conçu aujourd’hui ou la privatisation des règles de droit. Conquérir, cela signifie reconstruire le rapport de force qui permet à la puissance publique et aux corps intermédiaires, et donc à la démocratie, de changer la société.

Tout semble à reconstruire. Nos objectifs sont clairs : l’égalité, liberté et la démocratie, notre feuille de route, le progrès, notre méthode, la social-démocratie, notre horizon, le socialisme démocratique. C’est bien de la réappropriation démocratique du destin individuel et collectif des hommes et des femmes qu’il s’agit, en résumé de l’émancipation tout au long de la vie dont il est question. Loin du concept creux et néanmoins inégalitaire d’égalité des chances, c’est vers une égalité d’autonomie intégrant l’individu dans le collectif via le lien social que nous voulons aller.

B / Construire de nouvelles alliances.

Etre social-démocrate, c’est certes placer le développement social et l’approfondissement de la démocratie à égalité, mais c’est surtout enraciner la gauche dans la société en lui donnant de la profondeur. Ca ne doit plus être un mot creux, dont beaucoup trop se réclament aujourd’hui, y compris à droite.

La gauche politique ne peut être forte que si elle est en interaction avec la gauche intellectuelle, syndicale et associative. Travailler avec toutes les forces de gauche, c’est donner de la profondeur à la gauche, c’est élargir son périmètre d’action, c’est faire en sorte que la gauche ne se limite pas au champ à deux dimensions du spectre électoral, se nourrir de leurs revendications et de leurs réflexions et pouvoir irriguer nos idées.

C’est là que se situe l’objectif prioritaire de la refondation, et non dans une alliance avec le centre-droit. Tout d’abord parce que les divergences que nous avons avec le centre-droit portent précisément sur l’un des deux piliers du socialisme, l’économique et le social. Ensuite parce que toutes les expériences d’alliance avec le centre-droit aboutissement dans les faits soit à l’affaiblissement électoral de la famille socialiste, soit à la division du mouvement socialiste. D’ailleurs François Bayrou, et de nombreux socialistes aveuglés par leur électoralisme devraient s’en rendre compte, ne présentera pas de candidats face aux UDF soutenant la majorité présidentielle. Ni de gauche, ni de droite, il est maintenant ni dans l’opposition, ni dans majorité, il est en fait illusion de la conviction, et toute alliance avec une illusion mène à la compromission.

Des responsables gouvernementaux issus de la deuxième internationale socialiste ont soutenu lors de cette élection présidentielle des responsables de droite ou de centre-droit. C’est moralement condamnable mais c’est plutôt sur l’effondrement de la cohésion idéologique des socialistes qu’il faut s’interroger. Toute une partie de la gauche a perdu les repères de ce qui fait la gauche, de ces intellectuels devenus nouveaux réactionnaires à ces responsables politiques devenus courtisans du nouveau pouvoir dans une opération de débauchage qui n’a rien à voir avec l’ouverture. Il est illusoire de croire que les socialistes parviendront à opérer leur refondation seuls dans leur coin ou avec un centre-droit qui souhaite objectivement leur extinction. Plus les fondations seront larges et profondes dans la gauche, plus l’édifice sera solide.

C / S’emparer des outils de la bataille culturelle, en créer d’autres.

La transformation de la société ne se fera pas sans les citoyens, sans que ceux-ci soient convaincus et convaincants. Le travail que les jeunes ont fait à l’occasion de la lutte contre le contrat première embauche doit maintenant être mené à l’échelle de la société.

Relier les citoyens en s’appuyant sur les organisations politiques et le mouvement social, faire émerger leurs aspirations par un travail d’éducation populaire débouchant sur une mobilisation populaire, telle fut notre démarche pour l’emporter.

Réseaux et influence, telles doivent être nos inspirations. Le mouvement des jeunes socialistes met son autonomie au service de la transformation de la société. Le franchissement du cap des 10000 adhérents n’est pas une fin en soi, mais une étape, un levier multiplicateur qui doit permettre de confronter une parole socialiste à chaque jeune de la manière la plus pertinente par rapport à ses conditions de vie. Aucune forme d’organisation de ces réseaux ne doit être interdite, de la constitution de groupe de jeunes socialistes au sein des lieux de travail, des McDo au centres commerciaux dont l’essentiel de la main d’œuvre est constituée de jeunes à temps partiels, des lycées jusqu’aux campus, des zones périurbaines jusqu’aux quartiers dont nous avons la responsabilité de transformer la mobilisation électorale en engagement à gauche. Le MJS est aussi une organisation d’éducation populaire.

Parce que nous ne pourrons compter sur nos seules forces, c’est un devoir que de rassembler la jeune gauche autour d’une plateforme et de faire émerger un grand réseau d’éducation politique.

Enfin, il ne faut s’interdire aucun espace d’influence, de l’accès à tous les médias à la création de médias alternatifs locaux.

Conclusion

Des nouvelles campagnes d’opinion et de convictions nous attendent. ll faudra une reconquête par les mots, là où la droite s’est gargarisée de l’autorité, il faudra que nous rappelions à la responsabilité, là où elle s’est gargarisée en nous accusant d’assistanat, il faudra que nous rappelions les vertus de l’autonomie qui permettent de prendre en compte l’individu à travers le lien social, et donc à travers l’émancipation. Nous continuerons notre travail de renouveau des idées socialistes comme nous avons pu le faire en proposant la sauvegarde des libertés numériques, la reprise par les salariés de leur entreprise ou la justice des discriminations, la règlementation des prix du logement par la loi ou un pôle public européen de l’énergie... Entre une modernisation qui fleure bon les échecs et les errements du blairisme et le « plus à gauche que moi tu meurs », nous pensons qu’il faut avant tout être mieux à gauche.

Retour au gouvernement d’Alain Juppé le jour même où il est de nouveau entendu par les juges, investiture de C. Vanneste le jour même de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, révélations sur le fait que l’Etat UMP a fait pression pour que le président d’EADS parte avec des indemnités de départ élevées la veille de la rencontre de Sarkozy avec des salariés d’airbus... La droite n’a peur de rien. Une victoire de la gauche aux législatives doit donner un coup d’arrêt à la Sarkozie naissante, et être une étape de la reconstruction. Nos défaites sur le fond préparent nos défaites électorales. Les renoncements successifs à porter la bataille des consciences sont autant d’explications de la défaite. Il faut désormais convaincre qu’ « une autre société est possible », en s’appuyant sur les vertus de la solidarité,contre les valeurs de repli et de marchandisation du libéralisme tout puissant.

Le philosophe Gilles Deleuze disait « être de gauche, c’est penser l’autre avant de penser soi-même ». Les socialistes devraient avoir cette maxime à l’esprit en pensant au renouvèlements, qui tout autant qu’un renouvèlement des visages, doit être un renouvèlement des voix et de la sociologie de nos représentants, surtout quand on voit le spectacle désolant des ambitions affichées dans la presse. De ce point de vue, la responsabilité nous amène à revendiquer notre droit d’inventaire, qui, loin d’être exhaustif à ce jour, sera approfondi sans complexe et sans concessions.

C’ est là une condition obligatoire de cette marche en avant, en attendant le big bang générationnel, nous devons vaincre dans quatre semaines.

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11 décembre 2006

Réunion TAG le 13 novembre 2006

La prochaine réunion de "Transformer à Gauche" se déroulera le Mercredi 13 décembre à 19 h à la Fédération sur le thème :

Ecole et Mixité sociale : enjeux et perspectives

Seront abordés entre autres thèmes ceux de la carte scolaire et de la place de l'enseignement privé.

1 décembre 2006

Transformer A Gauche, c'est quoi ?

Notre démarche a pour ambition de « mettre notre réformisme au service des aspirations révolutionnaires des citoyens ». Investis dans le mouvement social autant que dans le mouvement politique, notre objectif est la transformation sociale, nos idéaux ceux de la gauche.
Réformistes par les moyens, nous sommes ambitieux dans nos fins. Nous savons que l’articulation entre un mouvement social fort et une gauche politique à l’écoute de ses aspirations est nécessaire.
Militants au sein de la famille socialiste, nous sommes nombreux à nous engager dans les syndicats étudiants, lycéens, les associations et mouvements mutualistes.

Rompre avec le libéralisme, réarmer la gauche

Sans relâche dans notre combat contre la politique de régression sociale menée par la droite, nous sommes exigeants avec la gauche. Nous avons tiré les leçons du 21 avril 2002, qui fut aussi la sanction des renoncements de la gauche au gouvernement.
Face aux tenants d’une politique d’accompagnement de la mondialisation libérale, nous prônons des ruptures fortes avec le libéralisme. Aux écuries de présidentiables regroupés autour d’un ou d’une individu, nous préférons le débat d’idées, la construction d’un cadre politique collectif, et militons pour la rénovation de la vie politique.
Nous savons que ce n’est qu’à ces seules conditions que la gauche pourra se rassembler, et susciter à nouveau l’adhésion des couches populaires pour accéder au pouvoir et transformer la société.

Répondre à la demande sociale

Après 5 ans de casse sociale, il faut répondre aux attentes exprimées dans la rue à de nombreuses reprises ainsi qu’à chaque échéance électorale. Lutter sans relâche contre le creusement des inégalités, pour une meilleure répartition des richesses, protéger les salariés face aux ravages du capitalisme financier, émanciper la jeunesse en permettant l’accès de tous à un haut niveau de qualification, telles doivent être les lignes directrices du projet de la gauche.
Nous plaçons également au coeur de nos orientations la relance de la construction d’une Europe sociale et démocratique, qui respecte le vote du 29 mai et le refus par les Français d’un Traité constitutionnel scellant l’emprise des politiques libérales sur le devenir de l’Europe.
Enfin, nous pensons que renouer le lien entre les citoyens et leur système de gouvernement, dont nous savons qu’il est indispensable à la transformation durable de la société, passera par la fin de la monarchie républicaine mise en place en 1958 et par la création d’une VIème République.

Dans le parti socialiste, afin de peser sur ses orientations et de l’ancrer à gauche, nous avons fait le choix du courant Nouveau Parti Socialiste. Le rassemblement de la gauche autour d’un projet de rupture avec le libéralisme se double d’un devoir de réussite au pouvoir pour la gauche, qui devra savoir tirer les enseignements de l’échec de ses renoncements au gouvernement ces vingt dernières années. Il ne nous sera pas permis de décevoir à nouveau notre base sociale. Notre responsabilité est donc grande.

24 juin 2006

Compte rendu de la réunion du 3 juin 2006

Téléchargez ici le compte rendu de la réunion interrégionale Nouvelle Gauche du 3 juin
CR_NG_3_juin

23 juin 2006

Le choix de l'alternative plus que de l'alternance, de la transformation plus que de la réforme

Télécharger le texte : texte_tag44

Où en sommes nous 4 ans après le 21 avril 2002 ? Nul besoin de rappeler l'ensemble de la politique de la droite, qui met en pièce mois après mois nos principaux acquis sociaux, par une politique de régression sociale sans précédent. Le premier constat que l'on peut faire, au-delà de ce bilan désastreux pour ceux qui en souffrent au quotidien, c'est que quatre ans après le 21 avril, des leçons en ont été tirées par la droite et Nicolas Sarkozy : l'individualisme montant, la société de consommation qui se met en place sous nos yeux, où le vivre ensemble et la solidarité se délitent, la droite en a tiré parti non pas pour y remédier, mais bien au contraire pour promouvoir son modèle de société en les exacerbant.

Le modèle de société de la droite, c'est la mise en concurrence des groupes sociaux les uns contre les autres, la guerre de tous contre tous, des chômeurs contre les salariés et des salariés entre eux, des générations entre elles, par une compétition de tous les instants dont le résultat n'est que la prédominance de clivages artificiels sur la conscience collective. C'est la promotion sans relâche de l'individualisme, de l'idée qu'il vous faudra marcher sur la tête de votre voisin pour progresser. Cet individualisme, ce consumérisme qui se développent, la droite a su en tirer profit pour en faire sa politique.

Le deuxième constat est que ce sont sur ses valeurs que la droite veut gagner, par la promotion d'une idéologie sécuritaire, la mise en exergue de « es dangereuses », un ultra-libéralisme décomplexé, tout cela au nom d'un pragmatisme qui, revendiqué par la droite, signifie régression des acquis sociaux et politique de e favorisant les plus aisés. 

La conséquence de tout cela, c'est que plus que quelques politiques mises bout à bout, c'est un véritable modèle de société que veut promouvoir la droite, et que nous devons analyser comme tel.

Un modèle de société à promouvoir, un horizon à définir

Face à cette droite, et Nicolas Sarkozy en particulier, qui a décidé de gagner sur des valeurs, comme a réussi à le faire Bush, ce sera uniquement en portant plus que jamais les nôtres que nous serons en capacité de gagner en 2007. Face au modèle de société libéral et sécuritaire que défend la droite, c'est un modèle alternatif qu'il faut développer, c'est notre propre échelle de valeurs qu'il faudra imposer. 

Plus qu'un catalogue de propositions, c'est un projet global et un horizon de long terme que nous aurons à formuler, dans une société en manque de repères. Si nous n'offrons pas de perspectives de long terme et n'avançons pas suffisamment de réponses dans un univers d'incertitude généralisée, comment s'étonner ensuite que la droite propose de réguler cette incertitude par le marché et uniquement le marché ? L'horizon vers lequel nous devons tendre, c'est le socialisme démocratique, porteur d'émancipation, de justice sociale et de solidarité, parce que nous pensons que le politique et la démocratie doivent primer sur la loi du marché, et qu'il est plus que jamais nécessaire de partir à la reconquête des principes historiques de la gauche.


Ce nouveau modèle de développement, nous devons le construire en réponse aux différentes crises qui se font jour à l'heure actuelle, à savoir principalement une crise sociale et une crise démocratique. C'est à la seule condition de la compréhension que nous aurons de ces crises et du projet de société qui en découlera, que nous serons en capacité de transformer la colère sociale et les révoltes des plus démunis en espérance politique. Un projet de société sans renoncement mais nourri d'ambitions, aux priorités claires, pour traduire nos valeurs en actes.


Un projet ambitieux, de nouveaux outils, une relation étroite avec le mouvement social 

Parce que nous n'avons pas renoncé à transformer la société, avant d'être « raisonnables », nous devrons oser et inventer.
Oser dire quelles seront nos priorités et quels seront nos objectifs à long terme. Oser dire quels seront ceux que nous choisiront d'abord de défendre, à savoir les es sociales qui souffrent aujourd'hui de l'ultra-libéralisme ambiant, que ce soient les es populaires, les précaires ou encore les jeunes. Inventer de nouveaux outils au service de ce camp, de nouveaux outils démocratiques et politiques, pour se redonner les moyens de peser sur le cours des choses, au niveau national comme au niveau mondial.

La priorité aujourd'hui doit être l'emploi et la question sociale, qui doivent être au cœur du projet des socialistes. Quand 6 jeunes sur 10 entrent sur le marché du travail dans la précarité, quand le taux de chômage avoisine toujours les 10% et que dans le même temps ces chômeurs sont poussés à accepter n'importe quel emploi à n'importe quel salaire, quand les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux, et quand la précarité devient la règle sur un marché du travail flexibilisé à outrance, nous nous devons d'offrir des alternatives à ceux qui subissent un désastre social qui s'amplifie sous nos yeux jour après jour.
Cela passe par une politique d'emploi volontariste, par une politique industrielle réaffirmée et ambitieuse, par une reprise de la réduction du temps de travail notamment. Face à la montée des contrats précaires, à la société de travailleurs pauvres, nous devons faire le choix de sécuriser les parcours professionnels et créer les conditions d'une revalorisation générale des salaires pour enfin inverser l'évolution du rapport entre le capital et le travail, défavorable aux salariés depuis maintenant 30 ans.

Nous devrons également apporter des réponses à une mondialisation ultra-libérale dont nous ne pouvons rester les spectateurs passifs en considérant ses ravages comme inéluctables. La mise en place d'outils permettant de réguler le capitalisme financier doit être une des priorités des socialistes, outils à rechercher tant au niveau de l'entreprise elle-même, par une démocratie sociale effective, qu'au niveau national et surtout européen, car nous ne pourrons prétendre remettre en cause l'ordre libéral mondial avec une Europe dont l'hypocrisie envers les pays du Sud atteint des sommets, lorsqu'elle défend les subventions à l'exportations ou qu'elle prône la libéralisation des services en faisant pression en faveur de l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS).

Mais au-delà des propositions que nous pourrons formuler, nous pensons qu'aujourd'hui dire ce que nous ferons ne suffit plus, il faut également dire comment nous le ferons. La réforme d'institutions vieillissantes et dépassées, et l'avènement d'une 6ème République parlementaire paraît ainsi être une urgence démocratique et sociale, car ce sont les es populaires qui souffrent d'abord d'un système institutionnel à bout de souffle. La situation actuelle prouve en effet une fois de plus que crise sociale et crise démocratique sont intimement liées, car à l'ultra-libéralisme qui prive les citoyens de l'exercice réel de leur souveraineté, s'ajoute la crise de légitimité d'institutions qui ne leur donnent plus la parole : bien plus qu'une lubie, le sursaut démocratique est désormais indispensable.
Dire comment nous mettrons en place notre politique, c'est aussi réhabiliter l'impôt, en tant qu'instrument au service de la justice sociale et d'une redistribution effective des richesses, et nous devrons assumer leur augmentation, tout en nous efforçant de les rendre plus progressifs et moins inégalitaires par une réforme fiscale de grande ampleur.

Enfin, porter nos valeurs implique de faire le constat suivant : face à l'idéologie libérale qui se diffuse au quotidien dans les medias, principaux vecteurs des représentations collectives de la société, face à un libéralisme culturel qui tend à nous faire intégrer qu'il est normal de considérer l'horizon du tout-marché, de la dérégulation, de la baisse des charges et des impôts, comme nécessaire, nous avons à mener une bataille des consciences que nous sommes aujourd'hui en train de perdre, faute de réussir à réactiver nos valeurs. Quand les socialistes ne mènent pas leurs combats avec conviction, ce sont les valeurs collectives qui sont conquises par l'idéologie néo-libérale, propagée lentement mais sûrement par les pouvoirs politiques et économiques en place, largement aidés par leur contrôle des moyens de communication de masse. Nous aurons ainsi à nous poser la question des moyens que nous nous donnons pour faire face à un système libéral qui, comme le disait Bourdieu, « est une arme de conquête qui détruit le système immunitaire de ses victimes ». Nous devrons dire que ce système ne relève pas de l' « ordre des choses », nous devrons faire le choix non seulement d'être fidèle à nos valeurs, mais également se donner la capacité que celles-ci prennent le pas sur les valeurs marchandes et individualistes de la société libérale, par un combat qui devra se mener au quotidien, que ce soit par notre résistance à l'ordre médiatique existant, que ce soit par le biais des associations d'éducation populaire, créatrices de lien social et de solidarités, ou que ce soit encore tout simplement par notre volonté de se tenir debout, fiers de nos idées, sans les refouler derrière un pseudo pragmatisme qui est souvent le premier des renoncements.

Cette lutte de tous les jours, de tous les instants, nous ne pourrons le mener qu'avec les acteurs du mouvement social, qu'ils soient syndicaux, mutualistes ou associatifs, par un partenariat qui ne soit en aucun cas une subordination ou instrumentalisation. Parce que les grands changements ne peuvent se produire sans une gauche qui sache écouter les mouvements sociaux à l'œuvre, parce que nous refusons de considérer qu'il y a une gauche qui légifère et une gauche qui descend dans la rue, nous voulons une gauche actrice des rapports de force sociaux, une gauche de mouvement qui prenne des risques, une gauche qui œuvre à la mobilisation des forces politiques et sociales pour transformer la société, bref une gauche qui soit de toutes les luttes et de tous les combats.


Choisir notre camp, porter l'alternative

Parce que la société a changé, que le monde a évolué, nous devons apporter de nouvelles réponses. Mais parce que nous n'avons pas renoncé à nos idéaux, ces nouvelles réponses ne pourront se limiter à une simple « régulation » qui serait tout juste pansement aux dégâts du capitalisme financier mondialisé. C'est bien pour un autre modèle de développement que nous militons, où la démocratie et le progrès social ne soient plus une utopie lointaine, un modèle global de société à l'opposé de celui proposé aujourd'hui par la droite, en retrouvant notre sens des priorités sociales et de l'ambition collective, en réanimant notre esprit de conquêtes que nous n'aurions jamais dû perdre, car on ne peut gagner des combats que l'on ne mène pas.

Lors du meeting national du MJS le 22 avril 2006, François Hollande affirmait que nous avions à construire un projet pour la France. C'est en effet le cas. Mais notre projet, s'il s'adresse à l'ensemble de la société, ne peut se passer de priorités, et devra être construit d'abord en direction de notre base sociale naturelle. En direction de ceux qui subissent, au quotidien, depuis maintenant 4 ans, l'ultra-libéralisme. Ceux qui ne pourront supporter cinq années supplémentaires de droite dure. Ceux qui représentent notre camp, et que nous devons choisir de défendre, parce que nous faisons le choix d'être partisans, de servir en priorité la cause de ceux pour qui un avenir meilleur ne peut se traduire que par une alternative forte et un projet de transformation sociale durable portés par des socialistes plus que jamais déterminés et ambitieux.

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25 mai 2006

Le capitalisme doit-il être notre horizon indépassable ?

Article de Thibault Morizur et Laurianne Deniaud, paru dans le journal interne du MJS 44


Le capitalisme a définitivement gagné, dit-on. Nous devons l'accepter, et renoncer à le dépasser. Et si finalement le système capitaliste pouvait être acceptable, créer de la justice sociale, réduire durablement les inégalités ? C'est ce que l'on entend parfois dans la famille socialiste ; c'est cette vision de la « fin de l'histoire » qu'il est nécessaire de remettre en cause.

Certes, une certaine maîtrise du capitalisme a pu être développée par les socialistes et les forces syndicales, des modes de régulation et de redistributions des richesses mis en place, des combinaisons positives ont pu naître entre croissance et réduction des inégalités. Dans le cadre du capitalisme, des progrès sociaux importants ont tout de même pu être réalisés. Cependant cette croissance ne s'est-elle pas faite au détriment des pays du Sud ? Observe-t-on dans le monde une réduction des écarts de niveau de vie ces dernières années ? Les taux de pauvreté ont-ils globalement diminué, les désordres mondiaux se sont-ils estompés ? La réponse est assurément non.

Le capitalisme repose sur une logique d'accumulation qui ne se préoccupe aucunement de la recherche d'un bien-être collectif, son seul objectif étant l'augmentation de la plus-value ou profit, le travail étant considéré comme un coût. Sa capacité phénoménale d'adaptation et de changement l'a conduit à évoluer ces dernières années, il s'est mondialisé, s'est financiarisé, à tel point qu'il limite considérablement notre capacité à agir sur le monde et à promouvoir notre modèle de société. Parce que le capitalisme a changé, nos analyses et nos propositions doivent changer ; face à un capitalisme sauvage qui met en concurrence les Etats, les régions, les salariés, qui fait pression sur les salaires et la fiscalité, qui considère les travailleurs comme de simples variables d'ajustement, et les ressources humaines et environnementales comme infinies, nous devons faire le choix de réintroduire l'homme au cœur du système économique.

 
Si nous n'avons pas actuellement d'alternative globale au modèle capitaliste, il existe cependant des moyens de remettre en cause la logique même du système. Ces solutions se situent tant dans le champ de l'économie sociale et solidaire, que dans celui de la présence des salariés au sein des conseils d'administration des entreprises, ou de la création d'un nouvel indicateur de richesse.

Repenser les modes de production, c'est en effet repenser l'ensemble de notre rapport au capital, et dénoncer son accumulation dans les mains de quelques uns au détriment du bien-être collectif. C'est prendre en compte toute la dimension de l'économie sociale et solidaire, centrée sur la redistribution des richesses et son sur leur accumulation, et refusant que la notion de profit au sens capitaliste du terme intervienne dans son champ d'action. Au travers de ce mode de développement innovant, c'est une remise en cause de la logique d'accumulation du capital qui s'opère, tout en ayant prouvé son efficacité : l'économie sociale et solidaire emploie aujourd'hui plus de 2 millions de personnes et représente 5% du PIB.

Réfléchir à un nouveau modèle de développement, c'est aussi porter le combat de la démocratie sociale au sein des entreprises, qui peut permettre de renverser la logique capitaliste du propriétaire (l'actionnaire, de plus en plus) qui décide seul. Imposer au sein des conseils d'administration 30% des droits de vote pour les salariés, est à la fois une exigence sociale, démocratique et économique : parce qu'ils participent à la création de richesses, les salariés doivent avoir la possibilité de participer à la prise de décision et au partage des bénéfices.

De l'économie sociale à la participation des salariés aux décisions prises en conseil d'administration, c'est finalement rien moins que l'appropriation démocratique des moyens de production qui se dessine. Au delà de ces remises en question de la logique propre au capitalisme, c'est un nouvel indicateur de richesse qu'il faudra substituer au PIB, dont la mesure est indifférente à la répartition des richesses, aux inégalités, à la pauvreté.  Des indicateurs prenant en compte le niveau d'éducation, l'environnement, les inégalités, en bref le bien-être individuel et collectif pourraient être mis en place, ce qui remettrait en cause la logique même de la mesure de la croissance telle qu'elle est effectuée aujourd'hui.

 
A la lumière de ces quelques pistes proposées, qui, si elles ne révolutionnent pas les modes de production, permettent de retrouver une certaine critique du système capitaliste de production, on entrevoit mieux l'horizon qui doit être le nôtre, celui du dépassement du capitalisme, au delà de sa simple régulation. C'est là toute la différence avec la pensée sociale-démocrate. Quand la social-démocratie considère que l'on doit se contenter du cadre capitaliste pour mener notre politique et se limiter à le réguler, nous devons au contraire considérer cette social-démocratie uniquement comme un moyen et non comme une fin. Nous sommes certes conscients de la domination du capitalisme et de l'absence actuelle d'alternative réelle à son mode de fonctionnement, car la fin du capitalisme ne se décrète pas, de même qu'un système alternatif ne peut être construit de toute pièce, et nous sommes tenus de prendre en compte cet état des choses. Pour autant le capitalisme ne se choisit pas, il est une contrainte : nous ne pouvons arrêter notre réflexion à sa simple régulation, et c'est bien à sa remise en question incessante que nous devons oeuvrer, pas à pas, par un réformisme audacieux, sans renoncement, pour faire en sorte, comme le disait Jaurès, que les salariés cessent « d'être un mécanisme pour être une liberté ». Nous ne pouvons nous satisfaire d'un mode de répartition dominant qui va à l'encontre de nos valeurs d'égalité, de progrès et d'émancipation de l'individu. Nous ne pouvons nous satisfaire des éternels discours sur le « réalisme », sur le « on ne peut aller au delà de ce qu'il est possible de faire aujourd'hui ». Car être socialiste, c'est vouloir transformer le réel et remettre en cause l'ordre établi. Etre socialiste, c'est vouloir élargir le champ des possibles pour mettre en œuvre un réel projet de transformation sociale.

 
Le philosophe et homme politique italien Gramsci disait être « pessimiste par l'intelligence, optimiste par la volonté ». Le constat de l'actuelle hégémonie sans partage du capitalisme ne peut que nous rendre pessimiste à très court terme. Mais parce que nous conservons la volonté de retrouver un volontarisme politique, de retrouver des idées et des alternatives, de ne pas se contenter des incantations sur la régulation, nous devons être optimistes quant à notre capacité à porter de nouvelles espérances et de nouvelles réponses.

Parce que nous possédons cette volonté, parce que nous faisons le choix d'engager un combat global pour changer les esprits et faire comprendre que des alternatives peuvent exister, parce que nous croyons au socialisme démocratique, le capitalisme ne peut avoir définitivement gagné.

 
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